Parution: « Le domaine de La Doges au temps des Palézieux dit Falconnet (1821-2021) »

Patrimoine suisse, section vaudoise

Le 27 janvier 1821, le domaine de La Doges est vendu « à perpétuité à Monsieur Abram François de Palézieux dit Falconnet, de Vevey », comme le stipule le contrat de vente conservé dans les archives familiales. Ses descendants auront à cœur d’entretenir et d’embellir le domaine. En 1997, André Coigny-de Palézieux lègue La Doges avec l’ensemble de son mobilier à la section vaudoise de Patrimoine suisse, alors dénommée Société d’art public, en lui donnant pour mission de la conserver à titre de témoin d’une habitation bourgeoise des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.

 

Un partenariat avec l’Université de Lausanne a été mis sur pied afin d’établir un inventaire scientifique du mobilier, des œuvres d’art et des divers objets du quotidien conservés à La Doges. Une douzaine d’étudiants en histoire de l’art, menés par le professeur Dave Lüthi, se sont rendus au domaine pendant le semestre de printemps 2020, une démarche que la pandémie a certes compliquée mais qui n’a pas entamé leur grande motivation. Près de 300 objets ont ainsi pu être documentés et analysés.

 

 

Rédigés à la fois par des chercheurs confirmés et des étudiants de l’Unil, quatorze chapitres éclairent différents aspects de La Doges. La première partie du livre est consacrée au développement architectural et paysager du domaine, dont l’existence est attestée dès le milieu du XVIIe siècle. Les contributions permettent de comprendre de manière beaucoup plus fine l’histoire de ce domaine viticole et rural, de préciser la chronologie des travaux et des aménagements paysagers, d’identifier plusieurs architectes et artisans qui y ont œuvré, ainsi que d’insérer La Doges dans le vaste réseau de maisons de campagne qui s’est développé, tel un « diadème de délices », autour des villes de Vevey et de La Tour-de-Peilz. Les aménagements intérieurs bénéficient d’une attention particulière avec une analyse minutieuse des poêles de la maison de maître, des papiers peints et du mobilier ancien, présent dans les pièces d’apparat. Ces aménagements portent la marque de la famille de Palézieux dit Falconnet.

 

La seconde partie de l’ouvrage met l’accent sur le quotidien de la famille de Palézieux. La vie au domaine est retracée grâce aux archives privées. L’analyse de la collection d’art, qui inclut un important corpus de portraits et de paysages de petits maîtres suisses, révèle les liens étroits tissés avec Genève et la Suisse allemande. A l’instar de l’argenterie familiale, elle est le témoin des alliances matrimoniales établies avec de grandes familles d’origine bernoise, bâloise et genevoise.

 

Au fil de la lecture, le passé du domaine de La Doges reprend vie sous la plume des auteurs. Sans prétendre à l’exhaustivité, cet ouvrage permet d’aborder les richesses patrimoniales de La Doges dans leur diversité et d’apporter une contribution importante sur le développement des maisons de campagne dans la région veveysanne ainsi que sur la vie culturelle et sociale des élites vaudoises.

 

Béatrice Lovis (dir.), Le Domaine de La Doges. Au temps des Palézieux dit Falconnet, Genève, Slatkine, 2021, 248 p., 235 ill., 45.- CHF.

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9 mars 2022